Le livre de François Chapon a paru une première fois en 1987, chez Flammarion, proposant une synthèse de l’histoire du livre illustré de langue française, ainsi qu’un nombre important de reproductions (de grande qualité) des oeuvres évoquées. Il est à noter que cette nouvelle édition ne comprend plus d’illustrations issues des ouvrages commentés, mais qu’elle est augmentée d’un dernier chapitre, consacré au projet d’Ambroise Vollard et de Marc Chagall d’illustration d’un choix de Fables de La Fontaine, et de la Bible ( texte extrait du catalogue de l’exposition "Chagall et Tériade, l’empreinte d’un peintre" du Musée départemental Matisse du Cateau-Cambrésis de 2006).
Le livre illustré étant le fruit de la rencontre entre un peintre, un écrivain, et un éditeur, François Chapon a choisi de construire son propos en réservant un chapitre par éditeur : Vollard, Kahnweiler, Skira, Maeght, Iliazd, Tériade, Lecuire, Broder, Pierre-André Benoît ; cette nouvelle édition s’achève par l’étude d’une collaboration de Chagall commencée avec Ambroise Vollard et terminée avec Tériade (Stratis Eleftheriadis).
L’ouvrage est précis et éclairant, et reste une référence en la matière. Concernant Ponge, on lira particulièrement la deuxième partie du chapitre trois, consacré à Kahnweiler, qui s’intéresse au dialogue artistique entre Kermadec et Ponge, au sujet du Verre d’eau et le dixième chapitre évoquant l’entente de Braque et de Ponge, et leur collaboration, notamment pour les Cinq Sapates.
Ainsi, page 282 :
« La grandeur de Braque, comme celle de Ponge, se laisse deviner à leur faculté d’émerveiller non plus à partir d’un sujet bouleversant a priori, La Mort de Sardanapale ou La Fille de Jephté, mais de prétextes aussi prosaïques, croirait-on, qu’une cruche ou qu’un volet. Plus cet objet est modeste, journalier, dépourvu par lui-même de toute intensité dramatique, plus sa transfiguration fait apparaître non seulement l’incommensurable force qui l’ôte pour toujours à sa condition d’accessoire anonyme, mais la tendresse qui a su l’approcher, le manier, l’aimer au point d’y déceler les ferments d’une éternelle beauté ».
Couverture de la première édition du livre de François Chapon chez Flammarion (Image de la couverture : Éluard et Miró)