« La Bougie », Le Parti pris des choses (1942)
"La nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d’ombre.
Sa feuille d’or tient impassible au creux d’une colonnette d’albâtre par un pédoncule très noir.
Les papillons miteux l’assaillent de préférence à la lune trop haute, qui vaporise les bois. Mais brûlés aussitôt ou vannés dans la bagarre, tous frémissent aux bords d’une frénésie voisine de la stupeur.
Cependant la bougie, par le vacillement des clartés sur le livre au brusque dégagement des fumées originales encourage le lecteur, — puis s’incline sur son assiette et se
noie dans son aliment [1]".
A rapprocher d’un texte du Nouveau recueil de 1948, repris dans L’Atelier contemporain, "De la Nature morte et de Chardin" :
"(...)
Lorsque,
Du regard et du bout de mon porte-plume -
Manié comme le bâton du chef d’orchestre, -
Je lance en solo La Bougie, par exemple, -
Qu’a-t-elle à dire ?
Eh bien, je l’écoute.
Et elle s’exprime ;
Elle peut s’exprimer selon toutes les variations,
Les « Cadenze »
Qui lui plaisent.
Elle est ravie d’être ainsi autorisée.
Elle se donne, elle se met en valeur, peut-être un peu trop exagérément,
Puis rentre dans l’ombre - et je la suis du regard :
C’est alors que son murmure me touche surtout [2] (...)".
Il est fait référence ici à un détail des Attributs de la musique de Chardin.