Publication de la "Société des Lecteurs de Francis Ponge"

http://francisponge-slfp.ens-lyon.fr/

Rubrique : Qui sommes-nous ?

Rubrique : VIE DE L’ASSOCIATION

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L’AG 2013

Mis en ligne le 21 octobre 2013, par Aurélie Veyron-Churlet

Jean-Marie Gleize, Président de la SLFP, ouvre la séance pour le rapport moral :

« Je dois tout d’abord remercier très chaleureusement Dominique Combe, membre de notre société de lecteurs, et professeur de littérature française ici à l’ENS, de nous accueillir dans cette école, de sorte que nous pouvons ainsi inaugurer cette alternance, souhaitée par certains d’entre nous, alternance quant à la localisation de nos AG, entre l’ENS de Lyon (qui reste notre port d’attache, avec le fonds d’archives constitué grâce à la générosité d’Armande Ponge) et l’ENS de Paris. Je suis personnellement d’autant plus sensible au fait de me trouver dans cette salle que c’est ici, rue d’Ulm, que j’ai pour la première fois rencontré et parlé à Francis Ponge. Je faisais, avec Bernard Veck, un exposé sur La Fabrique du pré dans le cadre d’un séminaire de critique génétique (ITEM) et Francis Ponge, qui habitait rue Lhomond, était venu en voisin, pour nous écouter, alors que nous n’avions pas été prévenus de sa présence. Grande émotion, donc, et début pour nous d’une longue et heureuse fréquentation de son œuvre.

Je crois pouvoir dire à nouveau ici très rapidement une chose que j’ai dite lors de la précédente Assemblée générale à propos de la création de cette Société de lecteurs ; je disais qu’il s’était agi à nos yeux moins de remplir une case vide dans le paysage des associations d’amis ou de lecteurs, à côté de celles consacrées à d’autres de nos contemporains remarquables (Paulhan, Malraux, Ramuz...), que de confirmer un engagement en faveur d’une conception très originale, très féconde, encore assez nettement minoritaire et sans doute mal entendue, mal comprise, de la pratique poétique au XXe siècle.

Il me semble aussi que je dois revenir un court instant sur un fait qui suscite mon inquiétude permanente, mais qui en même temps n’est pas susceptible de solution simple : la lenteur des mises en place et des mises en œuvre, sensible dès le début, est toujours de mise. C’est un peu comme la construction d’une maison ; malgré la bonne volonté des artisans et une certaine impatience des commanditaires, il y a toujours des difficultés inattendues, la traversée de petites zones de turbulence, etc. Ainsi par exemple pour ce qui concerne le site de la SLFP, nous en avons présenté un projet très avancé lors de l’AG de Lyon et c’est seulement aujourd’hui que nous pouvons dire qu’il est effectivement inauguré (ce sera le troisième point de notre ordre du jour, Aurélie nous le montrera tout à l’heure). De même, lors de la dernière assemblée, nous avions désigné comme un des chantiers de publication celui qui pouvait concerner quatre importante thèses, celle de Frédéric Mandon sur Ponge et Braque, celle d’Aziz Jendari sur l’ironie dans l’œuvre de Ponge, celle de Lionel Cuillé sur l’intertexte biblique et celle de Sophie Coste sur la relation de Ponge à ses lecteurs et les stratégies qu’elle a successivement impliquées. Il se trouve que je ne suis pas parvenu (pour l’instant) à obtenir des membres de notre comité de lecture qu’ils prennent sur leur temps de travail un temps pour la relecture de ces thèses, relecture visant à suggérer aux auteurs le minimum de réécriture ou de redisposition nécessaire pour passer du format thèse au format livre. Ces quatre projets continuent de figurer dans notre programme ; il me (ou nous) reste à faire preuve de conviction pour obtenir ces relectures préalables. Et puisque j’en suis au chapitre des thèses, je dois signaler que sera soutenue à l’Université de Nantes en avril prochain la thèse d’une jeune doctorante japonaise, mademoiselle Asako Yokomichi, dirigée par Jean-Luc Steimetz, sur le « premier Ponge ».

Dans l’ordre des choses réalisées ou en très bonne voie, je mentionnerai la remise, fin janvier 2014, à la Revue des Sciences humaines (RSH à Lille) du volume issu de notre Colloque Politiques de Ponge qui s’est déroulé en 2012 à l’ENS de Lyon et à l’Université Lyon 3, colloque que j’ai organisé avec Benoît Auclerc et Bénédicte Gorrillot. Dans un avenir encore plus proche, puisqu’il s’agit du 23 septembre, dans deux jours, le manuscrit Ponge et ses lecteurs, sous la direction de Benoît Auclerc et de Sophie Coste, sera remis aux éditions Kimé. J’indique que ce volume comportera en outre une partie significative de l’abondante correspondance inédite entre le jeune Francis et son père Armand Ponge. Ces jours-ci vient de paraître chez Gallimard (il est déjà en librairie paraît-il) la correspondance de Ponge avec Camus, une cinquantaine de lettres dont nous ne connaissons vraiment que la fameuse lettre de Camus sur Le Parti pris des choses. Cette correspondance fournit donc le contexte dans lequel s’inscrit cette lettre et une introduction au dialogue amical et conflictuel aussi de Camus et de Ponge durant l’Occupation, leurs conceptions respectives de l’absurde et de l’humanisme, le « communisme » de Ponge, la relation de Camus aux chrétiens, leurs réseaux de relations (Pascal Pia, Paulhan, etc). Les éditions Gallimard nous ont fait savoir qu’il y aurait une soirée Ponge-Camus le 24 octobre prochain à la Comédie Française, soirée où seront lus, par des acteurs, une partie de cette correspondance et d’autres textes sans doute en relation avec elle. Cette lecture fera écho, d’une certaine manière à celle que j’ai présentée ici même dans le théâtre de l’ENS le 30 janvier 2013, lecture par Denis Podalydès, dans le cadre d’une série de lectures intitulées « La voix du texte » et organisée par des élèves de cette école, lecture qui a permis je crois de faire entendre l’écriture de Ponge et quelques-uns de ses principes bien au-delà du cercle de ses lecteurs habituels.

Pour rester sur le chapitre des publications, je dois signaler encore la publication très prochaine (nous en sommes à la correction d’épreuves) en Italie de la traduction de Nioque de l’Avant-printemps ; je suis d’autant plus heureux de cette traduction qu’elle figure parmi les toutes premières publications d’un groupe de jeunes poètes italiens très actifs sur la scène de la recherche formelle, des pratiques expérimentales, etc. Cela confirme à mes yeux la grande portée théorique et l’actualité de ce texte de Ponge, qui peut être lu comme une sorte de manifeste. Cette traduction en italien vient d’ailleurs s’ajouter à celle procurée par Solange Rebuzzi, très récemment, en 2012, en portugais à Sao Paolo au Brésil (autre pays qui se signale par une forte activité de la jeune création poétique).

Je viens d’évoquer des publications et des actions dans lesquelles nous sommes très directement ou parfois indirectement impliqués. Il y a bien entendu d’autres données d’actualité pongienne (comme l’exposition Springer au Camp des Mille l’été dernier où l’on a pu voir la maquette d’une édition illustrée du Galet de Ponge qui n’a finalement jamais vu le jour, ou encore la publication du numéro 52 de la revue La Règle du jeu avec un grand texte inaugural de Yann Moix sur « L’huître » de Ponge, ou encore le travail en cours de Thomas Schestag à Berlin pour une traduction et une publication complète du dossier des manuscrits du Soleil) ; toutes ces informations complémentaires seront mentionnées et si possible commentées sur les pages du site dont il sera question tout à l’heure.

Je termine donc ce premier point de l’ordre du jour par le travail d’Armande Ponge qui est un travail (on peut dire sans rien exagérer monumental) d’archive destiné à publication intégrale ; nous disposons dès à présent d’une maquette du premier volet ou volume de ce travail (sur les 18 premières années de Francis Ponge). Je vais lire la page qui sert en quelque sorte de préface générale à cet ensemble sous le titre « Rétrospective ». Je me contenterai de dire qu’il s’agit d’un document d’une grande richesse quant aux informations inédites, biographiques, et contextuelles qu’il comporte, et qui sera d’une immense utilité pour tous les chercheurs (quelle que soit leur perspective, historique, sociologique, critique, poétique) et pour tous les lecteurs de Ponge, tous ceux qui éprouvent le désir d’une plus grande familiarité avec lui. »


FRANCIS PONGE
1899 - 1988

« RÉTROSPECTIVE »
POUR UNE VIE DE MON PÈRE

Les Archives familiales dont je me suis trouvée dépositaire, d’une insoupçonnable richesse, m’ont fait entrevoir la possibilité d’établir, à l’aide de ces documents de toutes époques miraculeusement conservés, sauvés des déménagements et autres pillages de guerre, un témoignage précieux pour une connaissance approfondie de la vie de mon père, de ses relations avec son temps. Enfin me guida une certaine exigence, conforme à la sienne que voici, sous sa plume « Il ne faut pas qu’avec mon corps disparaisse la mémoire de mes parents », ou encore « L’ingratitude est bien l’un des défauts (manques) qui me paraissent le plus insupportables. Il faut écrire aussi pour que n’ait pas lieu l’ingratitude ».

Les pièces d’archives — correspondances, manuscrits datés et nombreux agendas — m’ont alors permis d’envisager l’établissement d’une biographie se déroulant à la manière d’éphémérides. La nommer « Rétrospective » s’imposa tout naturellement, occupée que j’étais jusqu’alors, et depuis une trentaine d’années, d’expositions de peinture.

Cette entreprise, bien ambitieuse puisqu’elle doit (en principe) « couvrir » près d’un siècle de vie, a été menée avec le souci constant d’intervenir le plus rarement possible, quasi uniquement comme « agent de liaison ». Il s’agit en effet d’une transcription scrupuleuse, conforme aux seuls manuscrits, qu’il s’agisse de lettres ou d’écrits littéraires.

Si les toutes premières périodes ont besoin d’être éclairées et jalonnées par un récit quelque peu explicatif, volontiers truffé de souvenirs d’enfance - citations ou évocations lors d’Entretiens -, très vite n’interviennent que les échanges épistolaires. Les premiers d’entre eux, exclusivement familiaux, sont petit à petit enrichis puis supplantés par les correspondances amicales, voire professionnelles. Leur grand nombre et leur datation permettent assez rapidement d’adopter une présentation année par année, avant que la transcription des agendas n’offre jour après jour l’emploi du temps : rendez-vous, réception et envoi du courrier, visites et parfois même mention d’un travail en cours.

Les nombreux dossiers d’élaboration de textes ont été « traités » avant de rejoindre à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet ceux déjà déposés par mon père qui alors ont été consultés sur place, comme d’autres anciennement acquis par la Bibliothèque nationale de France. Les feuillets manuscrits datés font ainsi l’objet de courts extraits placés avec précision au jour de leur conception. Sans doute n’est-il pas fréquent de pouvoir constater le travail quotidien d’un écrivain et suivre la gestation d’un texte.

Puissent les chercheurs y trouver un intérêt.

Le premier volume s’ouvre sur de brefs détails biographiques. Des lieux de naissance et d’enfance — Montpellier, Nîmes et surtout Avignon — à la « transplantation » en terre normande, on découvre les dispositions de l’enfant pour la musique, on suit ses études secondaires au Lycée Malherbe. Un voyage, en 1913, offre un premier ensemble d’envois quasi quotidiens à ses parents restés à Caen ; on y décèle déjà un sens aigu de l’observation, et le goût du détail. Une seconde séparation, peu avant la déclaration de guerre, fournit une nouvelle occasion à notre chroniqueur. Enfin — grâce à un incident de santé qui l’empêche de s’engager et, puisqu’il est brillant en philosophie et en version latine, la décision de préparer plutôt l’entrée à l’École Normale — c’est l’installation à Paris pour de longs mois qui entraîne de passionnants échanges avec sa famille, son père en particulier, épistolier érudit et attentif. Se déroule alors la chronique d’une vie d’étudiant à Louis-le-Grand et en Sorbonne, mêlé aux événements largement analysés, toujours épris de musique et fort occupé d’essais poétiques. Francis Ponge aura vu sa première publication dans La Presqu’île en 1916 ! Nous le quittons à la fin des cours en juillet 1917.

Au retour des vacances d’été passées en Normandie, les courriers reprennent évoquant les études aux Facultés de Lettres et de Droit, le besoin de musique et de politique. Avec quelle précision impressionnante, assistons-nous aux bombardements sur Paris. Licencié en Droit, Francis échoue à l’oral des Lettres. A sa demande, incorporé dans l’Infanterie, les lettres ou billets à ses « Chers Caennais » offrent maintenant une chronique sur les conditions d’existence du 2e classe Ponge, bientôt atteint par la « grippe espagnole ». Si la période considérée est particulièrement foisonnante en événements parfois éprouvants, le plus dramatique reste à venir... Après l’armistice, envoyé à Strasbourg au Centre pour étudiants mobilisés, où de durables amitiés se nouent, la préparation au concours d’entrée à Normale se poursuit mais se solde par un nouvel échec à l’oral : n’est-ce pas l’occasion de s’engager en littérature ? Voici dans Le Mouton blanc d’autres écrits.

Armand Ponge — si attentionné, généreux et compréhensif, son premier lecteur tout au long de ces années — incite son fils à rencontrer Jean Paulhan, contribuant ainsi à son « entrée » chez Gallimard à 24 ans. Mais ce père tant admiré meurt à 53 ans, un mois avant la première publication dans la Nouvelle Revue Française. Malgré des relations affectueuses avec Jean Paulhan, Jacques Rivière et Gaston Gallimard, Francis Ponge quitte la « Grande Maison ».

Le troisième volume couvre une période très longue — les documents faisant défaut pour certaines années — mais combien riche et variée. En voici un survol rapide.

En juillet 1923, Francis retrouve à Caen sa mère et sa jeune sœur, éprouvées par le drame familial, et organise bientôt leur installation tous les trois à Paris. Travail intense mais voyages en Italie, des séjours au Grau-du-Roi, en Normandie — où sont conçus bon nombre des textes du futur Parti pris des choses —, Francis passe des étés au Chambon-sur-Lignon où il rencontre la jeune Odette Chabanel... Que d’amitiés, de tensions aussi, de correspondances littéraires importantes et de publications en revues : Le Disque vert, Commerce, Mesures, Le Surréalisme au service de la révolution, Les Feuilles libres, La NRF et en 1926 l’édition de son premier livre, les Douze petits Ecrits.

Francis épouse Odette le 4 juillet 1931, c’est alors le « bagne » aux Messageries Hachette pendant plus de sept ans, des activités syndicales, l’adhésion au Parti Communiste en 1937, le chômage, un travail dans les assurances jusqu’à la Mobilisation. Ces nombreux événements n’auront pas eu raison de notre écrivain, les extraits de textes en témoignent.

Si la période suivante, 1940-1941, est traitée en un seul volume, chaque année dorénavant le sera individuellement. Pendant la guerre, les cartes familiales inter-zones sont très “expurgées” mais témoignent d’un temps bouleversé où le besoin de proximité est grand.

Les agendas de poche, dont la tenue est plus ou moins régulière à partir du tout premier ouvert en 1947, se transforment petit à petit en éphémérides bien complètes : outre les rendez-vous, sont notées les correspondances reçues et envoyées qui trouvent alors leur place au jour dit, les visites aux expositions, le travail de textes mais aussi, durant les périodes passées à la campagne, de quotidiennes notations relatives à l’importance accordée au temps qu’il fait, à la nature tant admirée.

Pour de nombreuses lettres, la datation peut aisément être établie ; pour certaines autres elle reste aléatoire. Ponge qui datait volontiers les siennes, en faisait aussi des « copies » autographes. Ses amis ont contribué à combler des lacunes. Mais on ne peut hélas prétendre à l’exhaustivité, pourtant activement recherchée grâce aux moyens actuels, exploités avec l’assistance précieuse de Madeline Pampel. Les dossiers de correspondances conservés dans les Archives familiales jusqu’au terme de ce travail, rejoindront les fonds des différentes bibliothèques déjà citées.

Cette brève présentation donnera-t-elle l’envie de se plonger dans cette « somme », je le souhaite tout en convenant qu’il y faut sans doute — outre la curiosité — un certain souffle qui ne manque ni aux passionnés ni aux « chercheurs ». Alors, bon vent !

Armande Ponge


Jean-Marie Gleize termine son rapport en rappelant que la perspective principale reste pour la SLFP la préparation et l’organisation du Colloque de Cerisy en 2015, qui est le quatrième point de l’ordre du jour.

Au terme de ce rapport qui est approuvé à l’unanimité, une discussion est ouverte au sujet du programme de publications. Dans le cadre de ce programme, plusieurs dossiers de correspondance sont évoqués parmi lesquels la correspondance Ponge-Dupin, riche d’une soixantaine de lettres, apparaît comme prioritaire. Gérard Farasse indique qu’il serait prêt à s’occuper de ce dossier. La correspondance Ponge-André du Bouchet est également intéressante mais pose un problème dans la mesure où du Bouchet ne datait jamais ses lettres. On revient également sur la question de la publication des quatre thèses susceptibles de faire l’objet d’une relecture. Gérard Farasse, membre du Comité de lecture, se dit prêt à relire la thèse de Frédéric Mandon sur Ponge et Braque.

Benoît Auclerc, trésorier, prend alors la parole pour le rapport financier :

Le dernier relevé de comptes de la SLFP, en date du 18 septembre 2013, indique en colonne "crédit" la somme de 1873, 84 euros.

Cette somme provient essentiellement des cotisations de nos adhérents. Nous avons désormais franchi le cap des 100 adhérents, et c’est aujourd’hui, ce 21 septembre, que nous lançons la campagne de réadhésion.

Contrairement à l’année dernière nous n’avons pas eu cette année à engager des frais importants comme ceux qui étaient liés à la création du site.
Ces frais se limitent au remboursement de deux déplacements en train, débités antérieurement à la somme indiquée à l’instant ; chiffre (1873,84 euros) duquel il faut soustraire de menus frais de fonctionnement, frais postaux, frais de copie et d’impression (de la carte d’adhérent), achat de recharges d’encre pour l’imprimante, soit en tout 119 euros. Reste donc à ce jour 1754,84 euros, d’où il faudra déduire les frais engagés pour la présente Assemblée générale.

Au titre des dépenses qui doivent être envisagées, il y a les sommes, non encore précisément évaluées, destinées à rétribuer le travail effectué par Aurélie Veyron qui a créé le site et qui veut bien s’engager à travailler régulièrement à nos côtés pour nous permettre de le nourrir et de le faire évoluer. Sa compétence technique et sa disponibilité nous sont absolument indispensables.

Un autre engagement concernera notre contribution au financement du Colloque de Cerisy. La convention entre le Centre et les directeurs de Colloques prévoit que ceux-ci s’engagent à trouver des « subventions complémentaires » pour une meilleure prise en charge du séjour ou des voyages des contributeurs, subventions complémentaires (de celles qui sont régulièrement obtenues par le Centre) ou participation éventuelle de l’association responsable du colloque, puisant sur ses fonds propres.

Le rapport financier étant adopté à l’unanimité la discussion fait apparaître le souhait que la SLFP sollicite également des subventions pour elle-même auprès du CNL (en particulier pour la gestion du site). S’agissant de la correspondance Ponge-Dupin la possibilité d’une co-édition avec la Bibliothèque Jacques Doucet est suggérée, mais semble difficile.

Aurélie Veyron-Churlet présente alors le site de la SLFP visible à l’adresse http://francisponge-slfp.ens-lyon.fr. Elle rappelle que le site internet se doit d’être en constante évolution et transformation, et qu’en conséquence il est nécessaire que le groupe responsable du site puisse se réunir régulièrement pour organiser son travail. Il s’agit notamment de valoriser les archives sur le site de la société (co-éditions, partenariats de la SLFP avec certains fonds...). Comme il a été rappelé au moment de la discussion sur le budget, il est possible de demander des subventions au CNL pour des publications web. Il est également nécessaire d’adopter aussi rapidement que possible un calendrier éditorial pour les publications à caractère universitaire. Aurélie présente ensuite les différentes rubriques. Une discussion s’engage alors d’où surgissent un certain nombre de suggestions : ajouter un onglet « contact » sur le site, et, de façon plus générale, développer les possibilités de communication ; mettre en place un système de paiement par CB pour les adhésions ; créer une page Facebook pour démultiplier la diffusion du site ; créer un annuaire des chercheurs, écrivains ou artistes travaillant en lien avec l’œuvre de Ponge ; proposer sur le site une citation de Ponge, régulièrement renouvelée. La question du Bulletin fait également retour : la version web a été dans un premier temps explicitement privilégiée, mais une version papier n’est pas définitivement exclue. Gérard Farasse suggère l’exemple de l’association Cendrars (un bulletin électronique que chacun peut imprimer). Marie-Claire Dumas évoque l’exemple de l’association Doucet-Littérature qui pourrait s’avérer intéressant : envoi d’une lettre recto-verso deux fois par an uniquement pour l’actualité, l’adhérent-lecteur étant par ailleurs dirigé vers le site pour davantage d’informations et de contenus.

Jean-Marie Gleize reprend la parole pour aborder la préparation de Cerisy 2015 :

« S’agissant du Colloque de Cerisy 2015 , les dates sont fixées : il se tiendra du 24 au 31 août 2015. Le précédent Cerisy-Ponge en 1975, il y a quarante ans, dirigé par Pierre Oster et Philippe Bonnefis avait pour titre « Francis Ponge inventeur et classique ». Je rappelle qu’il s’était déroulé en présence de Francis Ponge et a été publié une première fois dans la collection 10/18 dirigée par Christian Bourgois en 1977 et a fait l’objet d’une réédition en 2011 dans la collection Cerisy/Archives, aux éditions Hermann, il est donc aujourd’hui aisément accessible). Ce Colloque de 1975 prenait acte, notamment, et de la proximité de Ponge aux démarches des néo-avant-gardes de l’époque (son parcours de Tel Quel avec lequel il rompt en 1974, à Digraphe), et des différentes lectures que les « nouvelles critiques » avaient rendues possibles (en particulier les diverses nuances des poétiques formalistes, d’inspiration linguistique ou rhétorique). Nous pourrions proposer que le colloque de 2015 s’intitule « Francis Ponge, ateliers contemporains » (au pluriel bien sûr, et sans majuscule). Edith Heurgon, dans son dernier message, semble suggérer un titre qui, d’une certaine façon, développe celui que je viens de proposer : « L’impact de la poétique de Francis Ponge sur les pratiques nouvelles (en France et à l’étranger) ». Il s’agirait de faire le point sur le renouvellement des recherches (le climat théorique et critique a très sensiblement évolué en quarante ans), sur l’évolution de la connaissance objective d’une œuvre désormais accessible dans les deux volumes de la Pléiade (augmentée de quelques annexes comme les Pages d’atelier parues en 2005 chez Gallimard, plus de 400 pages tout de même...), et de prendre la mesure de ce qui continue de faire signe et parfois leçon pour nombre de jeunes écrivains ici, en France, et ailleurs. Comme certains d’entre vous s’en souviennent peut-être, lors de notre dernière Assemblée générale, nous nous proposions de susciter un colloque sur les Correspondances de Francis Ponge, le corpus des correspondances publiées étant désormais assez large (Paulhan, Tortel, Thibaudeau, Camus, entre autres...) et ne cessant de s’enrichir (la correspondance Ponge-Prigent, dont le texte est établi, reste à venir, mais sera très certainement publiée et disponible à l’échéance de l’été 2015). Il est donc sans doute raisonnable, sur les huit jours du Colloque, de consacrer une journée à la réflexion sur ces correspondances, sur la place de l’épistolaire dans l’œuvre, etc. Il me semble que nous pouvons dès aujourd’hui commencer à mener la réflexion sur ce qui serait possible et souhaitable dans le cadre de ce Cerisy 2015, étant entendu que nous aurons d’ici-là à susciter des réunions de travail en vue de rédiger l’appel à contribution, la liste des écrivains et critiques susceptibles d’être sollicités, etc.

La discussion s’engage sur les axes susceptibles d’être proposés aux futurs intervenants : outre la question des correspondances et ce qu’elles impliquent quant à l’observation de la « fabrique » d’une figure et d’une posture de poète (ou de non poète) dans le champ clos d’un paysage (liens avec les confrères, les amis, les éditeurs, les medias, les revues, les groupes constitués), sont évoqués l’insertion de Ponge au corpus académique (son utilisation systématique dans les « ateliers d’écriture », son devenir scolaire et universitaire d’écrivain classique de la modernité...), ainsi qu’un ensemble d’interventions possibles sur l’ « oralité » ou la « théâtralité » autour d’un certain nombre de performances réalisées au fil du temps par des acteurs et metteurs en scène à partir de son œuvre (C. Rist, P. Baux, Y. Bical...). Sans oublier, à côté de son impact sur un secteur des écritures nouvelles « après » les avant-gardes, les pratiques suscitées par Ponge du côté des artistes plasticiens (proposition de Christine Chamson), ou du côté des musiciens, notamment britanniques et américains (proposition de Vincent Broqua). Les ateliers sont ouverts...