Enregistré à son domicile parisien, le poète Christian Prigent se raconte de bout en bout au micro de David Christoffel : depuis sa thèse avec Barthes jusqu’à ses récents livres dans la série Chino, l’auteur livre en cinq entretiens ses ancrages littéraires, sa pensée de l’écriture et du réel, mais aussi sa passion pour le vélo.
1/ « Je ne crois pas que la vérité d’une vie ne se stabilise dans quelque type d’énoncé frontal que ce soit ».
De sa thèse avec Roland Barthes à la réaction de sa mère à la sortie de son premier livre, Christian Prigent raconte son entrée dans l’écriture poétique. Mais à la différence de Francis Ponge, il fait bien attention de ne justement pas surjouer les reconstitutions rétrospectives qu’il peut en faire.
2/ « Rien n’est plus important que la littérature. Et rien n’est plus dérisoire que la littérature ».
Dans les années qui ont suivi 1968, Christian Prigent a développé une activité poétique ouvertement politisée tout en se méfiant des poncifs de la littérature engagée. Avec ses amis de la revue TXT, il cultive un positionnement intellectuel loin des grands bourgeois parisiens qui font la vie littéraire de l’époque.
3/« Être au plus près de l’excès, du peu rationnel, du provoquant, du trivial ».
Plusieurs fois au cours de sa vie, Christian Prigent a publié des textes sur la littérature des autres. Au sujet des anciens comme des modernes, il évoque son rapport de "virilité" à Ceux qui merdRent. Pour l’occasion, nous revenons sur l’importance de Sade, les difficultés rencontrées par Christian Prigent pour publier son livre Le Professeur, mais aussi la découverte de Christophe Tarkos il y a une trentaine d’années.
4/ « Autrefois, le sport avait un luxe d’héroïsation, de capacité d’épopée, pour des exploits de peu d’intérêt ».
Christian Prigent a toujours aimé faire du sport. Et sa passion sportive a toujours été lié à des légendes. Entre ses chroniques radiophoniques à l’occasion du Tour de France et son livre Chino aime le sport, le poète pense son rapport au sport dans une dimension d’héroïsme et quelquefois d’extase.
5/« La simple possibilité de dire autrement l’expérience que l’on fait du monde est une victoire sur l’aliénation ».
Depuis une dizaine d’années, les livres de Christian Prigent racontent les histoires de Chino. Ce narrateur est devenu une sorte d’alter ego qui porte l’auteur à poursuivre une sorte d’autobiographie dont les opus peuvent prendre des genres très différents. Ce parcours littéraire n’aurait peut-être pas été si libre sans la fidélité de Paul Otchakovsky-Laurens.