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Fragments pongiens dits par Tonie Marshall pour John Zorn, Steve Beresford et David Toop.

Nous présentons un extrait de disque où deux fragments de textes écrits par Francis Ponge sont lus. On peut écouter l’intégralité du disque sur un site d’hébergement ici.

Nous remercions chaleureusement Frédéric Roux (professeur en écriture harmonique et en histoire du jazz du Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice) de son approbation à la relecture.

Image : Tonie Marshall et Steve Beresford - Photographie Caroline Forbes/Nato.

John Zorn, né en 1953, est un musicien de jazz, un compositeur et un producteur américain. Formé au piano, à la flûte et à la guitare, il est devenu saxophoniste alto et clarinettiste. Durant ses études au Webster College de Saint-Louis, de 1973 à 1974, John Zorn s’intéresse au jazz et aux musiques expérimentales, ainsi qu’à la musique contemporaine et à la musique de film. Dès son premier album, en 1985, The Big Gundown : John Zorn Plays the Music of Ennio Morricone, son style se caractérise par le mélange d’influences diverses, de la musique traditionnelle à la musique pop en passant par le jazz et le free jazz.

Steve Beresford est né en 1950 dans une famille de musiciens anglais. Après des études à l’Université d’York, il découvre l’improvisation musicale et les groupes de musique d’avant-garde à Londres, ceux de Derek Bailey, David Toop, Nigel Coombes, avant de partir à New York où il rencontre différents musiciens dont J. Zorn. Son style est marqué par les expérimentations d’instruments et par la noise music, appelée aussi « musique bruitiste ».

David Toop est né en 1949 à Londres, et il étudie au Hornsey College of Art et à la Watford School of Art. Il publie tout d’abord un livre inspiré par la musique hip-hop en 1984, Rap Attack, puis une dizaine d’années plus tard, un premier disque de rêverie musicale mêlant le jazz, le rhythm and blues, le funk, la soul music et la musique électronique : Ocean of Sound.

Ecouter l’enregistrement de la voix de Tonie Marshall qui lit Ponge : lecture à la minute 1’54 (« La Main ») et à la minute 3’50 (« Le Rouge à lèvres »).

En 1986, le label Nato [1] dirigé par le producteur Jean Rochard s’apprête à élaborer un nouveau projet : la bande-originale d’un film noir imaginaire porté par deux musiciens anglais, Steve Beresford et David Toop, rejoints par le jeune saxophoniste Steve Zorn, que Jean Rochard a découverts l’année précédente, lors d’un festival organisé en France. Il imagine une voix parlée sur la partition jouée par le trio. Tonie Marshall accepte d’évoquer des figures d’actrices de l’âge d’or d’Hollywood comme Jayne Mansfield et Maria Montez, ainsi que de lire différents textes de son choix, notamment des extraits d’oeuvres de Francis Ponge, de Benjamin Péret et de Natacha Michel. Deadly Weapons sera le premier opus d’une série d’autres expérimentations de ce nouveau genre, propre au jazz d’avant-garde.
Trois ans plus tard, Tonie Marshall demande à Steve Beresford de composer la bande-son de son premier film, Pentimento.

L’idée n’est pas exactement nouvelle. En effet, si l’enregistrement des notes de Miles Davis et de ses musiciens sur la déambulation de Jeanne Moreau dans Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle participe de la composition de ce film et contribue, pour une part, à son succès [2], il a peut-être inspiré toute une veine de musique narrative de l’histoire du jazz : autant de créations qui se présentent comme de fausses bandes sonores de film, ou plutôt comme des bandes-son originales de films imaginaires. Il faut cependant noter que le titre, Deadly Weapons, renvoie à un film de vengeance d’assez mauvais goût réalisé par Doris Wissman et sorti en 1974 aux Etats-Unis.
La particularité de cette expérience musicale réside notamment dans sa pratique du mélange : outre les interventions de Tonie Marshall en voix parlée, le trio mêle diverses influences du swing et le blues à la musique pop, en passant par la cold wave, le free-jazz et la musique contemporaine - selon une pratique que certains qualifient également de postmoderniste [3]. Toujours est-il que le mélange de références diverses qui tend à l’hétéroclisme, y compris par les matériaux sonores employés, est devenu une marque du style de ces musiciens, notamment de John Zorn [4].

Marie Frisson

Notes

[1Voir ici la présentation de la réédition de l’album sur le site du label.

[2Enregistrée dans la nuit du 4 au 5 décembre 1957 durant une projection des images du film, la bande-son a été rééditée sous forme de disque.

[3Ted Gioia, The History of jazz, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 359.

[4Ted Gioia, op.cit., p. 364.

Mis en ligne le 21 juillet 2021, par Marie Frisson