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Francis Ponge, l’art des contradictions par Jean Thibaudeau (L’Humanité,1977)

Du côté avoué de l’écriture

L’accès à ce document a pu se faire grâce à Sylvie Salgues-Thibaudeau que nous remercions chaleureusement.
Nous avons le plaisir de présenter une notice introductive de Jean-Marie Gleize conçue pour cette publication sur le site de la SLFP.

L’article de Jean Thibaudeau a été publié dans L’Humanité à l’occasion de la sortie de Comment une figue de parole et pourquoi en 1977.

Après Philippe Sollers, en 1963, et sa monographie aux éditions Seghers dans la collection des Poètes d’aujourd’hui, c’est très vite, en 1967, que, grâce à Jean Thibaudeau, nous sommes entrés dans la lecture de Francis Ponge, par le très beau livre (le troisième de son œuvre, à lui Thibaudeau), qu’il publie à son tour. Le jeune telquelien qu’il est alors (entré dans le groupe dès le numéro 3 de la revue, l’année de sa création en 1960) donne en effet un Francis Ponge aux éditions Gallimard pour la collection de La bibliothèque idéale. C’est donc par la porte d’une revue d’avant-garde que Francis Ponge nous parvient, dans les années soixante, alors que cette reconnaissance tardive vaut à son œuvre d’être plus largement publiée dans la prestigieuse collection blanche. Il est présent dès le numéro 1 de Tel Quel, et les livres de Sollers, puis de Thibaudeau contribuent à confirmer la place centrale qu’il occupe dans le renouveau de notre poésie contemporaine. En 1977, lorsqu’il écrit cet article dans L’Humanité, Thibaudeau a rompu, pour des raisons de divergences politiques, avec ses amis de la revue Tel Quel. Il est resté membre du parti communiste, et très présent dans les journaux et revues du Parti (La Nouvelle Critique, France nouvelle, L’Humanité...). Francis Ponge, quant à lui s’est brouillé avec Sollers et Marcelin Pleynet en 1974 (précisément sur des questions concernant la peinture moderne et Braque en particulier), tandis qu’il restera proche, jusqu’à sa mort, de Jean Thibaudeau (avec qui il entretient une très amicale correspondance qui sera publiée par Le temps qu’il fait en 1999). « Tout art est politique » écrit Thibaudeau, et c’est un amusant paradoxe, quand on sait les raisons qui l’ont poussé à la rupture avec Tel Quel, qu’il se réclame de Mao-tsé-toung (De la contradiction, édition en français publiée à Pékin), pour faire l’éloge de la méthode dialectique régissant le travail de Ponge, dans son œuvre de critique et de création... Thibaudeau, in fine, prend soin de rappeler au lecteur de L’Humanité, que Francis Ponge a été communiste, et que c’est le poète et fondateur de la revue Digraphe, Jean Ristat, communiste lui-même, qui a accueilli le grand livre de « La Figue », dans sa collection chez Flammarion. Mao, Brecht, Engels, puis Thibaudeau et Ristat, Francis Ponge est en bonne compagnie dans cet article, et il faut penser qu’il y trouva quelques motifs de satisfaction.
On sait qu’au retour d’un voyage en Toscane, Thibaudeau avait offert une coupe étrusque à Francis Ponge. Une amitié profonde, une fidélité sans faille...

Jean-Marie Gleize
Volx, octobre 2019.


Pour citer cette ressource :

Jean-Marie Gleize, « Sur « Francis Ponge, l’art des contradictions » de Jean Thibaudeau », Publications en ligne de la SLFP, automne 2019. URL : http://francisponge-slfp.ens-lyon.fr/?Francis-Ponge-l-art-des


Mis en ligne le 3 décembre 2019, par Robin Schönfeld