Résumé
L’objet de ce travail est d’éclairer l’esthétique et l’éthique de la poétique de Francis Ponge à partir de la notion de « Nature ». La première partie étudie cette notion prise au sens de « monde extérieur », en considérant le matérialisme pongien, fortement influencé par le matérialisme antique, sous son aspect antimétaphysique. Cette partie met également en relief le rapport étroit entre la réflexion matérialiste pongienne et la pensée immanente spinoziste, résumée dans l’expression de « Dieu ou la Nature ». La manière dont Ponge approche les objets dans son œuvre peut être mieux saisie, en effet, à l’aide de la notion d’« immanence » spinoziste. La deuxième partie explore, quant à elle, la relation entre la Nature et la littérature, et, le développement d’un nouveau lyrisme matérialiste chez Ponge. En résumé, pour lui, la littérature se naturalise et la Nature se littérarise. Son approbation de la Nature se traduit par sa contresignature, apposée aux choses. Ce nouveau lyrisme matérialiste, qui s’oppose au lyrisme traditionnel, s’envisage à travers des motifs ou des notions, telles que la vibration, l’aspiration, ou la « réson ». La troisième partie, enfin, examine le nouvel humanisme proposé par Ponge. La relation entre la Nature et l’homme s’articule autour de thèmes essentiels comme l’altérité, le nouvel humanisme et le salut de l’homme. Il s’agit de s’attacher à « vivre heureux ». Nous envisagerons ce but philosophique et éthique à travers différents aspects tels que la sagesse antique, l’harmonie du « non-soi » et du « soi », l’éthique de la joie, le hasard et la liberté.