SLFP - Francis Ponge Francis Ponge

1963 - Premier trimestre

Ce document inédit n’est plus consultable en ligne.

Le troisième trimestre 1963 est consultable jusqu’au 15 juin 2017.

Archives transcrites par Armande Ponge assistée de Philippe Blanc, Madeline Pampel et François de Trentinian.

Depuis de nombreuses années, Armande Ponge travaille, à partir des archives familiales, à une « Rétrospective » de la vie de Francis Ponge. La retranscription des agendas, des manuscrits, des lettres reçues (et même, pour beaucoup, envoyées), donne accès à un ensemble documentaire exceptionnel, et permet d’appréhender dans leur déroulement quotidien les multiples activités scripturaires de Ponge, la diversité de ses échanges et de ses liens.
Ce travail a donné lieu à la publication en 2015 d’un premier volume par les éditions Garnier sous le titre Pour une vie de mon père – Rétrospective, 1899-1919.

En avant-première, Armande Ponge confie au site de la SLFP le travail accompli pour l’année 1963, dans une mise en page réalisée par Philippe Blanc et François de Trentinian. On trouvera ci-dessous la rétrospective du premier trimestre, qui restera consultable jusqu’à la publication, dans les mois à venir, des trimestres suivants.
Ces archives du premier trimestre 1963 donnent à lire « les plaisirs et les jours » de ce début d’année – mais aussi ses tracas : un mois de janvier qui semble « interminable », l’inquiétude pour les proches qui vieillissent, l’attention aux finances, même si les Ponge accèdent enfin à un certain confort en ce début des années 1960. Ces notations quotidiennes dans les agendas se trouvent ici rapprochées des textes en cours de travail : quelques feuillets inédits du Pré, des textes sur Olivier Debré ou Albert Ayme.

La période, celle du temps « froid et crasseux », est aussi celle des vœux de début d’année, qui permettent d’appréhender la multiplicité des cercles amicaux, artistiques et sociaux dans lesquels Ponge évolue alors. Le début des années 1960 est en effet pour lui un moment de reconnaissance : en 1960, de jeunes écrivains créent une revue au Seuil, Tel Quel, qui fait de lui l’une de leurs figures tutélaires ; l’année d’après, Gallimard publie les trois tomes du Grand Recueil (Lyres, Méthodes, Pièces), qui rendent visible son œuvre dans toute son ampleur et sa variété. Les multiples sollicitations dont Ponge fait l’objet en ce début de 1963 – invitations à des premières de théâtre, à des projections de films, demandes d’autorisation pour des traductions ou propositions de collaborations artistiques – sont l’une des marques de cette reconnaissance. La correspondance et les rencontres, minutieusement consignées dans les agendas, permettent de voir se côtoyer les amitiés anciennes – avec, par exemple, André du Bouchet, Philippe Jaccottet, Gaëtan Picon ou Jean Tortel – et la proximité avec les gens de Tel Quel, Jean Thibaudeau et Sollers en particulier. Avec ce dernier, les contacts sont quasi quotidiens en ce début d’année 1963 où paraît sa monographie dans la collection « Poètes d’aujourd’hui » de Seghers – la première consacrée à Ponge. Plus globalement, Ponge suit de près la vie de Tel Quel, et on le voit ici tenir fermement à distance Jean-Edern Hallier au moment où celui-ci, en conflit avec Sollers, est exclu du comité de rédaction.
Signe du caractère nodal de Ponge dans la vie littéraire de l’époque, il est, au même moment, l’un des premiers à être mis au courant du projet de création d’une autre revue, dont le nom vient d’être trouvé : L’Éphémère. Mais la correspondance fait également apparaître des proximités et des affinités plus inattendues, comme telle lettre très chaleureuse adressée à Mauriac, ou un mot écrit à Ionesco, où perce l’attention profonde accordée à son œuvre.
Tous ces écrits se trouvent ici rapprochés, et, s’ils sont de natures diverses, on perçoit néanmoins qu’ils entretiennent entre eux de nombreux rapports. Ils sont accompagnés de documents iconographiques – photographie de Ponge en compagnie de Fautrier, reproduction de pages d’agenda ou de lettres, dédicaces autographes d’ouvrages par Eugène Ionesco ou Denis Roche – qui rendent de façon sensible l’œuvre à ses circonstances quotidiennes, circonstances qui tout à la fois la trament et dont elle se détache.

Benoît Auclerc

Mis en ligne le 7 juin 2016, par Aurélie Veyron-Churlet